La solitude à l'adolescence augmente considérablement le risque de développer des troubles mentaux graves à l'âge adulte, tels que la dépression et les troubles bipolaires. Une étude de 23 ans révèle que cette solitude est fortement liée à la prescription de psychotropes à l'âge adulte, soulignant l'importance d'une intervention précoce.
La solitude à l'adolescence est une problématique souvent sous-estimée, mais qui peut avoir des conséquences profondes sur la santé mentale à long terme. Des recherches récentes ont révélé que la solitude ressentie durant cette période critique de la vie est étroitement liée à l'apparition de troubles mentaux graves à l'âge adulte, comme la dépression majeure, les troubles bipolaires, et même la schizophrénie.
Solitude à l'adolescence et prescriptions de médicaments psychotropes
Une étude longitudinale menée sur plus de 20 ans en Norvège a suivi un échantillon de 2600 adolescents. Les chercheurs ont constaté que les jeunes qui se sentaient seuls de manière récurrente étaient plus susceptibles de se voir prescrire des médicaments psychotropes à l'âge adulte, notamment des antipsychotiques, des stabilisateurs de l'humeur et des antidépresseurs. Ce lien persiste même après avoir pris en compte d'autres facteurs comme les antécédents de santé mentale, les problèmes de comportement et la consommation de substances.
La solitude semble jouer un rôle central dans la trajectoire de ces troubles. Par exemple, les adolescents qui voient leur solitude augmenter au fil du temps courent un risque encore plus élevé de recevoir des prescriptions pour des troubles graves, comme le trouble bipolaire ou la psychose. Ces résultats soulignent que la solitude, loin d'être un simple malaise passager, peut être un facteur déclencheur ou aggravant de pathologies psychiatriques complexes.
Pourquoi la solitude entraîne-t-elle ces risques ?
La solitude, en particulier durant l'adolescence, peut exacerber des vulnérabilités préexistantes. Les jeunes souffrant de troubles psychotiques ou bipolaires sont souvent isolés socialement, ce qui aggrave leur solitude et contribue à la détérioration de leur santé mentale. Le manque de soutien social et les interactions sociales appauvries peuvent conduire à une faible estime de soi et à des croyances négatives sur les autres, renforçant ainsi les symptômes psychotiques.
Les théories cognitives des troubles psychotiques suggèrent que ces adolescents peuvent développer des distorsions cognitives sur eux-mêmes et les autres, ce qui alimente leur solitude. Cette spirale descendante de la solitude et des croyances négatives sur soi-même peut ensuite favoriser l'apparition ou l'aggravation des symptômes psychiatriques.
Interventions et prévention
Les résultats de cette étude soulignent l'importance d'une surveillance précoce de la solitude chez les adolescents, et de la mise en place d'interventions spécifiques, comme la formation aux compétences sociales et des changements structurels dans leur environnement. Intervenir tôt pour réduire la solitude pourrait prévenir le développement de troubles mentaux graves et diminuer la nécessité de prescriptions de médicaments psychotropes à l'âge adulte.
La compréhension des liens entre solitude et santé mentale est encore en développement, mais cette recherche montre qu'il est crucial de prendre en compte cet aspect dans les approches de prévention des troubles psychiatriques chez les jeunes.
Références
Rodríguez-Cano, R., Lotre, K., von Soest, T., Rognli, E. B., & Bramness, J. G. (2024). Loneliness in adolescence and prescription of psychotropic drugs in adulthood: 23-year longitudinal population-based and registry study. BJPsych Open, 10(2), e61.
Bazilchuk, N. (2024). Loneliness May Predict Mental Health Issues. Neuroscience News.
Medical Xpress. (2024). Research looks at how loneliness and mental health problems are interconnected.
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