Les dernières recommandations de la HAS en 2024 renforcent l’importance d’une prise en charge pluridisciplinaire du TDAH chez l’enfant. Découvrez les points clés pour une meilleure gestion de ce trouble neurodéveloppemental.
Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est l’un des troubles neurodéveloppementaux les plus fréquents chez les enfants, affectant environ 5 % des enfants dans le monde. Afin d’améliorer le diagnostic et la prise en charge du TDAH, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié de nouvelles recommandations en 2024. Ces directives soulignent l’importance d’une approche pluridisciplinaire, comprenant des interventions non médicamenteuses comme la psychoéducation, des adaptations scolaires, et, dans certains cas, un traitement médicamenteux.
Diagnostic du TDAH selon les recommandations de la HAS
Le diagnostic du TDAH repose sur une évaluation clinique rigoureuse. La HAS recommande que le diagnostic soit effectué par des médecins spécialisés dans le TDAH, comme les psychiatres de l’enfant, les neurologues, ou des médecins ayant acquis une expertise dans les troubles du neurodéveloppement. Le diagnostic se base principalement sur les critères du DSM-5-TR ou de la CIM-11, qui définissent précisément les symptômes et leur impact sur la vie quotidienne de l’enfant.
Les étapes du diagnostic :
Le diagnostic du TDAH comprend plusieurs étapes clés qui visent à évaluer les symptômes de l’enfant dans différents contextes et à exclure d’autres troubles associés (comorbidités) ou différentiel :
Entretien clinique : L’entretien avec l’enfant et ses parents est crucial. Il permet d’explorer le développement psychomoteur, cognitif et affectif de l’enfant. Les médecins cherchent à comprendre l’apparition et l’évolution des symptômes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité, en s’appuyant sur les observations des parents et de l’école (HAS, 2024). Un compte rendu détaillé de l'évaluation est ensuite remis aux parents, ainsi qu'aux professionnels impliqués.
Recueil d’informations auprès de l’entourage : Il est recommandé de recueillir des informations auprès de l’entourage scolaire (enseignants, psychologues scolaires) ainsi que des autres intervenants de l’enfant, afin de mieux comprendre son comportement et son adaptation dans différents contextes (HAS, 2024). Cela permet de corroborer les symptômes observés à domicile avec ceux manifestés à l'école.
Critères diagnostiques : Le diagnostic repose sur les critères du DSM-5-TR, qui se divise en deux grandes catégories de symptômes :
Inattention : manque de concentration, oublis fréquents, perte d’objets nécessaires aux tâches, etc.
Hyperactivité/Impulsivité : agitation motrice, incapacité à rester en place, interruptions fréquentes, etc. Les symptômes doivent être présents depuis au moins 6 mois, dans au moins deux contextes différents (école, maison, activités sociales) et doivent entraîner une gêne significative dans la vie de l’enfant (American Psychiatric Association, 2022).
Examen clinique et évaluation des comorbidités : L’évaluation clinique de l’enfant permet d’identifier d’éventuelles comorbidités, telles que des troubles anxieux, dépressifs ou des troubles des apprentissages (HAS, 2024). Le diagnostic différentiel est également important pour éliminer d'autres troubles neurodéveloppementaux pouvant présenter des symptômes similaires (troubles du spectre de l’autisme, troubles du langage, etc.).
Les interventions psychothérapeutiques recommandées par la HAS
1. Psychoéducation
La psychoéducation est un pilier essentiel de la prise en charge du TDAH, selon les recommandations de la HAS. Elle vise à informer l’enfant et ses parents sur le trouble, à corriger les idées reçues, et à les accompagner dans la compréhension des symptômes et de leurs impacts. Ce processus permet aux parents de devenir des acteurs à part entière du parcours de soin de leur enfant .
Objectifs :
Expliquer le diagnostic de manière adaptée aux enfants et à leurs familles.
Favoriser une meilleure compréhension des comportements associés au TDAH.
Fournir des conseils pratiques pour la gestion quotidienne des symptômes.
La psychoéducation peut être délivrée individuellement ou en groupe, et peut être renouvelée tout au long de la prise en charge.
2. Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales (PEHP)
Les Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales (PEHP) sont destinés aux parents d’enfants atteints de TDAH pour les aider à ajuster leurs pratiques éducatives. Ces programmes incluent des stratégies pour renforcer les comportements positifs de l’enfant, gérer les comportements problématiques, et améliorer la communication parent-enfant .
Exemples :
Techniques comportementales pour encourager les bons comportements.
Gestion des moments de crise et des émotions.
3. Thérapies cognitivo-comportementales et émotionnelles (TCCE)
Les thérapies cognitivo-comportementales et émotionnelles (TCCE) sont particulièrement recommandées par la HAS pour les enfants atteints de TDAH, notamment lorsqu'ils présentent des troubles associés tels que le trouble oppositionnel avec provocation ou des troubles anxieux. Ces thérapies ont pour objectif d’aider les enfants à modifier leurs comportements inadaptés, à développer des stratégies de gestion des émotions et à améliorer leur capacité à planifier et organiser leurs actions.
Focus : Les TCCE aident l’enfant à gérer son impulsivité, à réduire son hyperactivité et à améliorer ses compétences sociales et académiques.
Exemples d’interventions : Apprendre à l’enfant à reconnaître et gérer ses émotions, à adapter ses comportements en milieu scolaire et à planifier ses tâches.
Les TCCE visent également à travailler sur les émotions de l'enfant, comme la frustration ou la gestion de la colère, et sur son environnement social pour favoriser des interactions positives.
4. Interventions basées sur la pleine conscience (Mindfulness)
Les interventions basées sur la pleine conscience ont montré leur efficacité pour aider les enfants atteints de TDAH à gérer leur attention et leurs émotions. La pratique de la pleine conscience aide les enfants à rester concentrés sur le moment présent et à réduire leur impulsivité .
Accompagnement scolaire et pédagogique :
Le milieu scolaire est un environnement clé pour identifier et gérer le TDAH. La HAS recommande des aménagements scolaires spécifiques, comme des adaptations pédagogiques et des aides à l’organisation pour répondre aux besoins particuliers des élèves atteints de TDAH. Les enseignants doivent être informés et formés sur le TDAH afin de mieux comprendre ses répercussions et de mettre en place des stratégies adaptées .
Exemples d'aménagements recommandés :
Plan d'Accompagnement Personnalisé (PAP) : Adaptations pédagogiques pour faciliter les apprentissages.
Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) : Pour les enfants reconnus en situation de handicap par la MDPH, des aménagements plus spécifiques sont mis en place.
Le traitement médicamenteux : une option complémentaire
En plus des interventions non médicamenteuses, le traitement médicamenteux, tel que le méthylphénidate, peut être proposé lorsque les symptômes sont sévères et affectent significativement le quotidien de l’enfant. Cependant, la HAS recommande une prescription prudente, un suivi régulier, et une réévaluation fréquente de la nécessité du traitement .
Conclusion
Les nouvelles recommandations de la HAS pour la prise en charge du TDAH chez l’enfant soulignent l’importance d’une approche pluridisciplinaire et individualisée. En mettant l’accent sur les interventions non médicamenteuses, la formation des parents, et un soutien scolaire adapté, elles offrent aux enfants et à leur entourage un cadre thérapeutique adapté pour améliorer leur qualité de vie. Le suivi de ces recommandations permet d'espérer une prise en charge plus efficace et une meilleure gestion du TDAH au quotidien.
Références :
Haute Autorité de Santé. (2024). Trouble du neurodéveloppement/TDAH : Diagnostic et interventions thérapeutiques auprès des enfants et adolescents.
American Psychiatric Association. (2022). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5-TR).
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